Joke est mort, Vive Ateyaba 👑

Joke est mort, Vive Ateyaba 👑
S’il y a un bien un rappeur qui se fait dĂ©sirer depuis quelques annĂ©es, c’est bien lui
 d’ailleurs tout le monde reste toujours dans l’incomprĂ©hension car son absence a Ă©tĂ© totalement inattendue et incomprĂ©hensible.
Pourtant, c’est de notoriĂ©tĂ© publique : il a un projet en suspens, que l’on attend inlassablement depuis son premier album studio Ateyaba sorti en 2014 dĂ©jĂ . “Ultra Violet”, le supposĂ© nom du nouveau projet ne cesse d’ĂȘtre repoussĂ© par Joke, pour des raisons mystiques et nous, son public : on commence Ă  ĂȘtre sur le nerfs !

 

On prĂ©voit tout de mĂȘme son grand retour cette annĂ©e dans le Rap Game car :
  • 2018 est une annĂ©e trĂšs florissante pour la musique Rap
  • On en a VRAIMENT marre d’attendre et il risque de perdre la « hype » construite
  • Joke est un Ă©norme potentiel pour le Rap français depuis ses dĂ©buts et on souhaite qu’il vienne continuer la carriĂšre insolente qu’il a lancĂ©.

 

Cette semaine, c’est aussi l’occasion pour moi de dĂ©clarer ma flamme Ă  la ville qui m’accueille depuis le dĂ©but de l’annĂ©e 2018 et accessoirement la ville oĂč a grandi Joke.. pardon, ATEYABA: Montpellier ou aussi MTP ZOO pour les plus tĂ©mĂ©raires de la street’. Ateyaba a mĂȘme rĂ©alisĂ© un hymne pour cette ville tellement il y fait bon vivre et je ne peux que valider son avis, je vous laisse dĂ©couvrir direct le morceau:

 

 

Jeune, talentueux et ambitieux

 

Gilles Ateyaba Kofi Soler de son ancien nom de scÚne : Joke, et rebaptisé récemment Ateyaba est un artiste rap français à trÚs fort potentiel originaire de Montpellier.
NĂ© le 27 Octobre 1989 Ă  Narbonne dans le Sud de la France, il y grandit quelques annĂ©es, Ă©levĂ© par sa mĂšre seule avant de dĂ©mĂ©nager vers l’ñge de 10 ans, dans la ville de Montpellier et plus prĂ©cisĂ©ment dans le quartier de La Paillade.

 

Dans sa tendre enfance, il est dĂ©jĂ  inspirĂ© par la musique et l’art transatlantique et notamment par des artistes comme Dr Dre ouKanye West, duquel il s’applique Ă  traduire les textes afin de mieux les comprendre, pour les rapper Ă  son tour.
Son intĂ©rĂȘt pour le rap et la musique se concrĂ©tise rapidement car dĂšs l’ñge de 9-10 ans, il commence Ă  Ă©crire ses propres textes et ses premiers freestyles. Ateyaba n’a peur de rien et n’hĂ©site jamais Ă  exposer sa musique au grand public : il publie ses premiers titres sur MySpace et est invitĂ© Ă  monter sur scĂšne, pour la premiĂšre fois, dĂšs l’ñge de 10 ans avec le groupe originaire de Seine-Saint-Denis,La Caution.

 

Déjà, Ateyaba se fait remarquer ! Son freestyle était une belle réussite pour son ùge, il épate le groupe La Caution et ses sons sur MySpace sont vivement remarqués par un membre du groupe TTC, Teki Latex qui représente également le Label parisien Institubes.
En 2008, son travail se concrĂ©tise et il effectue ses premiers dĂ©placements Ă  Paris pour rencontrer Teki Latex, son crew et son label. Le feeling est plutĂŽt bon et tout le monde croit au potentiel de Ateyaba Ă  l’époque pour entamer sa carriĂšre dans la musique.
Teki Latex prend le jeune rappeur sous son aile, Ă  l’époque ĂągĂ© de 19 ans, et le fait “signer” chez Stunts, le dĂ©partement Rap du label Institubes.

 

Le “charbon” commence officiellement pour Ateyaba qui va finalement commencer Ă  travailler sur son premier street album, ‘PrĂȘt pour l’argent’ pour le sortir en AoĂ»t 2009.
2 ans plus tard, Ă  la suite d’une belle premiĂšre entrĂ©e en matiĂšre, il “remet le couvert” toujours dans l’optique de prouver qu’il a les Ă©paules assez larges pour le Game, il va sortir son premier EP, ‘PrĂȘt pour l’Argent 1.5â€Č qui aura dĂ©jĂ , de façon logique, un plus grand retentissement que son premier street album.
Sur ce projet, Ateyaba collabore notamment avec – le prĂ©sentement plus cĂ©lĂšbre –Myth Syzeret trouve son identitĂ© dans une musique trap/ Ă©lectronique et un style Ă©crit trĂšs orientĂ© EgoTrip. On sent dĂ©jĂ  la forte inspiration qu’à eu la musique amĂ©ricaine sur son style musical et les productions sur lesquelles il choisit de kicker.
Il fait de Montpellier son bastion et souhaite que l’on associe sa musique Ă  cette ville de France qui n’a pas encore eu son “artiste Ă©tendard” pour la musique Rap. Il adopte une posture intĂ©ressante, non stratĂ©gique Ă  l’époque je pense, mais qui fait encore son effet aujourd’hui : Ateyaba reste l’artiste rĂ©fĂ©rent lorsque l’on parle du Rap en provenance de Montpellier aujourd’hui, mĂȘme s’il a pris une trĂšs longue pause, sa musique est encore dans les esprits et les coeurs.

 

Ateyaba fait ses armes et c’est dans l’annĂ©e qui suit qu’il va signer dans le Label d’Oumar SamakĂ©,Golden Eye Music qui va l’accompagner sur quelques projets.
Pour cĂ©lĂ©brer cette signature, il sort dans la foulĂ©e son nouvel EP ‘We Made It’ avec des trĂšs gros featurings qui viennent lui apporter une nouvelle exposition plus “mainstream” de rappeurs dĂ©jĂ  installĂ©s comme Mac Tyer, Lino et Niro.

 

 

Le coup est plutĂŽt rĂ©ussit car il est clairement validĂ© par ses pairs dans l’industrie rap en France. Il commence Ă  avoir une exposition grandissante et le public commence Ă  “s’accommoder”, en rĂ©alitĂ© plutĂŽt, Ă  apprĂ©cier cette musique encore assez futuriste : Ă©lectronique et rap Ă  la fois.
Pour enfoncer le clou, il sort l’EP ‘Kyoto’ le 12 Novembre 2012 sur lequel il enrichit son style musical tout en gardant sa ligne de conduite habituelle.
L’accompagnement de Golden Eye Music se fait sentir au niveau de la production et l’articulation des titres sur les projets. En parallĂšle, le label structure ses collaborations et permet Ă  Ateyaba de travailler avec des gros beat makers qui font passer ses projets Ă  des niveaux supĂ©rieurs en terme de production et de finition musicale.
Sur ce dernier projet, on retrouve Wealstarr, Blastar (aussi managĂ© chez Golden Eye Music), Cannibal Smith, Richie Beatsou encore Leknifrug qui a produit Scorpion que l’on a pu dĂ©couvrir plus haut.
Alors que l’EP ne fait qu’une sortie en format digital, il se hisse sans pression au top Itunes. WIN, WIN, WIN !

 

Ce dernier projet ‘Kyoto’ est son ticket d’entrĂ©e en maison de disque car il prouve avec le succĂšs d’estime de ses prĂ©cĂ©dents projets qu’il est capable de convertir l’essai en vĂ©ritable rĂ©ussite commerciale avec des moyens adĂ©quats
 notamment grĂące l’accompagnement financier et relationnel d’une maison de disque.
Au vue de l’étroite collaboration qu’Oumar entretient avec Def Jam(c’est un ancien directeur artistique de la cĂ©lĂšbre maison de disque), Ateyaba signe inĂ©vitablement chez Def Jam pour prĂ©parer “la guerre”. La contractualisation s’officialise le 21 DĂ©cembre 2012.

 

Ateyaba, par le biais de ce projet ‘Kyoto’ commence Ă  inscrire quelques uns de ses titres dans les annales du Rap Game surtout dans le contexte de renouveau du Rap dans les annĂ©es 2013 apportĂ© principalement par la Sexion d’Assaut et Wati B.
Bien Ă©videmment, aujourd’hui, on se souvient encore de Triumph, Scorpion et MTP Anthem, l’hymne pour la ville de Montpellier que l’on a pu apprĂ©cier au dĂ©but de l’article.
Globalement, on retrouve des instrumentales trĂšs dark et Ă©lectriques. Ateyaba rĂ©ussit Ă  affirmer son identitĂ© autour de l’egotrip et aussi de la nonchalance qui lui font crĂ©er un nouveau style de rap planant et ambiançant Ă  la fois : Un prĂ©curseur Ă  mi-chemin entre la Cloud et le Trap qui n’ont pas encore leur Ă©tiquette prĂ©cise Ă  l’époque


 

 

« Le plus dur, c’est pas d’arriver au sommet, c’est d’y ĂȘtre. »

 

Ateyaba et son label Golden Eye Music continuent Ă  charbonner pour prĂ©parer le “terreau musical” qui va permettre de sortir l’album d’Ateyaba en grande pompe pour en faire une rĂ©ussite commerciale.
Toujours fidĂšle Ă  son crĂ©do encore innovant Ă  l’époque, Ateyaba rĂ©itĂšre l’exercice avec une nouvelle ville japonaise,‘Tokyo’ cette fois.
L’EP sort le 27 Mai 2013 chez Golden Eye Music mais la distribution est assurĂ©e par Believe Music. La collaboration ne va pas se passer comme prĂ©vue car Ă  la derniĂšre minute, les revendeurs (FNAC et autres) vont abandonner la sortie physique en jugeant le projet trop vulgaire pour le grand public.

 

En 2013, le Rap n’a pas encore l’emprise qu’on lui connait aujourd’hui sur la Culture alors la raison est suffisante pour une annulation brutale et ne fait pas de vague mĂ©diatique. Le public n’est pas vraiment informĂ© de ses changements mĂȘme s’il s’en Ă©tonne jusqu’à l’annonce officielle faite par Oumar. En tout cas, le soutien des fans d’ Ateyaba est inconditionnel en digital car ‘Tokyo’ prend la4Ăšme place au Top Album Ituneset fait la meilleure entrĂ©e sur sa semaine de sortie en terme de ventes.
Musicalement, la recette est toujours la mĂȘme et c’est toujours un dĂ©lice pour les Aficionados du style. Ateyaba ne prend pas de gros risques musicaux, on retrouve de grosses similitudes avec l’EP prĂ©cĂ©dent, il habitue le public Ă  sa musique et lui, en mĂȘme-temps, rĂ©alise ses rĂȘves en allant au Japon pour la premiĂšre fois pour tourner des clips. RĂȘve de Gosse !

 

 

Ateyaba dĂ©voile enfin son premier album ‘Ateyaba’ en 2014 et c’est une belle rĂ©ussite pour un premier album qui s’écoule Ă  plus de 10k exemplaires en premiĂšre semaine et squatte quelques jours en numĂ©ro 1 des charts.
Ateyaba n’a pas fait de gros changements si ce n’est, je trouve, une lĂ©gĂšre adaptation de ses textes pour ĂȘtre raccord au Rap Game et aux champs lexicaux de l’époque. Personnellement, je fais partie de ceux qui pensent aussi stratĂ©gie pour donner de l’exposition Ă  l’artiste en premier lieu alors je dirais que c’était un bon choix pour son premier album mĂȘme si les puristes diront qu’il a dĂ©jĂ  trop adaptĂ© et travesti son style
 MalgrĂ© la fraicheur de l’artiste et connaissant la rapiditĂ© Ă  laquelle l’industrie rap change, ce n’est pas Ă©tonnant que le public soit dĂ©jĂ  un peu critique, aprĂšs quelques projets “monotones” du mĂȘme artiste, mĂȘme si le bilan est largement positif !

 

Aujourd’hui, les titres de cet album tournent encore dans les soirĂ©es hip-hop en France : On est sur les nerfs, Majeur en l’air, Miley en featuring avec Dosseh, etc. C’est un super gage de qualitĂ© pour lui que sa musique perdure dans le temps malgrĂ© son comportement mystĂ©rieux et agaçant.

 

Ateyaba n’a jamais vraiment Ă©tĂ© chanceux dans sa carriĂšre et il le dit lui-mĂȘme dans le titre Casino mais on pourrait croire que le sort s’acharne sur lui car au bout d’une semaine de sortie de l’album, il a des litiges au niveau de certains “samples” qui les obligent Ă  arrĂȘter l’exploitation de sa musique jusqu’à rĂ©solution de l’affaire.
En 2015, aprĂšs quelques mois d’exploitation perturbĂ© sur Ateyaba, il revient avec un EP GRATUIT : ‘Delorean Music’. C’est un choix qui est plutĂŽt surprenant Ă  mon avis, qui sape un peu le travail effectuĂ© sur Ateyaba mais qui exprime la dĂ©termination et l’amour de l’artiste pour la musique.
A posteriori, on peut comprendre parfois son silence radio jusqu’à aujourd’hui car sa carriĂšre n’a pas Ă©tĂ© d’une stabilitĂ© et d’une rĂ©ussite exemplaire malgrĂ© l’image lustrĂ©e que nous en avons tous aujourd’hui. Ateyaba aurait clairement pu avoir une carriĂšre plus “linĂ©aire”, une image mieux maitrisĂ©e et une rentabilitĂ© plus forte avec une minutie plus accentuĂ©e mais ce n’a pas Ă©tĂ© le cas et c’est ce qui fait probablement tout son charme. Ateyaba sait qu’il joue avec nos sentiments et ça le ravit, comme s’il voulait nous “dogginer” comme il le dit souvent. (nous sĂ©duire pour conclure)
Comme pour sĂ©duire une fille qu’il courtise depuis un moment parce qu’il pense ĂȘtre amoureux mais lorsqu’il est avec elle, il a des doutes et prĂ©fĂšre s’en aller.

 

Fuis-moi, je te suis; Suis-moi, je te fuis mais pour combien de temps avec le Rap Game ?

 

Le Grand Retour ?

 

En 2017, on a eu espoir pendant quelques semaines voire mois. Il a fait son grand retour en collaboration avec Nike pour la sortie du nouveau modĂšle phare de la marque : la VaporMax.
Le retour a été léché et budgété comme il faut sur son nouveau son Vision qui nous a tous mis en sueur
 avec un instrumentale obsédante et un flow lancinant pour imposer son retour, sa signature vocale dans le Game.

 

 

Une clip magnifique avec une image parfaite d’Ateyaba avec beaucoup de style
 comme toujours. C’est probablement son hĂ©ritage des annĂ©es passĂ©es dans le Sud de la France, qui je trouve porte beaucoup d’attention Ă  l’apparence (style et vĂȘtements).
4 mois plus tard, 3 titres surgissent de nulle part : Caramelo, Playa Pt. II et MendeleĂŻev.
Les fans sont en sueur Ă  nouveau mais le passage est de courte durĂ©e comme d’habitude. Sur ses 3 tracks, on retrouve Ateyaba avec son flow nonchalant et des mĂ©lodies rafraichies, ce qui est plutĂŽt positif pour relancer l’intĂ©rĂȘt des fans qui ont dĂ©jĂ  certainement trouvĂ© leurs “nouveaux rappeurs prĂ©fĂ©rĂ©s”.

 

2018, Ateyaba est prĂ©sent dans le Rap Français sans vraiment ĂȘtre lĂ .
Il est actif sur les réseaux sociaux en teasant des photos, un CHANGEMENT DE BLASE, des featurings, avec Charlotte Gainsbourg notamment. Mais rien de concret comme une date ou une track list.

 

 

Il est présent sur 6 tracks différentes sur des projets qui ne sont pas les siens. Il fait un feat avec Dinos, Flaco, Ikaz Boy ou encore Veerus.
On peut trouver Ă©galement 3 leaks sur Youtube dont Omega que j’ai trouvĂ© mĂ©chamment bon, 24kt et Oh My God.
On peut assurĂ©ment garder espoir de recevoir un EXCELLENT projet surprise d’Ateyaba cette annĂ©e


 

LE SON: Ateyaba – Ateyaba – Ateyaba

 

Etant donnĂ© qu’Ateyaba n’est pas connu pour ĂȘtre un lĂ©gendaire lyriciste ni un conteur d’histoires Ă©mĂ©rite, j’ai du creuser dans tous les recoins de ma mĂ©moire et dans sa discographie pour vous parler d’un titre qui m’a touchĂ© et c’est chose faite !
Le titre de cette sous-partie est peu Ă©vocateur mais vous allez rapidement comprendre : l’artiste s’appelle Ateyaba, le premier album s’est appelĂ© Ateyaba et le titre de la chanson, c’est Ateyaba donc le compte est bon pour Ateyaba, 3 fois !
Pourquoi cette obsession avec ce nom Ateyaba ? Tout simplement, parce que le titre parle du Grand-PĂšre de Joke qui s’appelait lui-mĂȘme : Ateyaba. Il semble Ă©vident que son grand-pĂšre ,ou mĂȘme uniquement la connaissance de son histoire, ait pu le toucher profondĂ©ment. De plus, avoir des origines africaines et plus prĂ©cisĂ©ment Ă©gyptiennes, c’est du “pain bĂ©ni” pour Ateyaba et sa musique :

 

“PrivĂ© d’histoire, mes racines n’ont pas d’racines”

 

Globalement, le son parle de la colonisation de la France et de ses consĂ©quences mais voyons d’un peu plus prĂšs la chanson pour mieux nous imprĂ©gner de l’artiste de cette semaine.
PremiĂšrement, Ateyaba est construit d’une façon intĂ©ressante car le premier couplet Ă©voque le passĂ© colonisateur de la France et l’exploitation de l’Afrique.
Le second couplet parle quant à lui plus en détail des conséquences actuelles du premier couplet.
On peut dĂ©jĂ  dessiner l’esquisse d’un avant/ aprĂšs colonisation dans cette chanson.
Finalement, le troisiĂšme couplet apporte une touche d’espoir aprĂšs ces atrocitĂ©s:Il faut continuer Ă  charbonner, le succĂšs est Ă  portĂ©e.

 

DĂšs le premier couplet, dans les premiĂšres punchlines il invoque la culpabilitĂ© de la France dans l’exploitation des terres, des ressources et des peuples africains.
“Dis-moi, l’argent d’la France est extrait de l’or jaune des noirs
De l’or noir des noirs, mon Dieu parlez-moi”
Il parle Ă©galement de l’injustice et des atrocitĂ©s que ses ancĂȘtres ont subi car on leur prenait systĂ©matiquement leurs enfants pour qu’ils puissent ĂȘtre utile Ă  la construction et l’édification de la rĂ©putation de l’Europe.
De plus, il met la France face Ă  ses propres crimes car cette exploitation s’est faite dans la violence et le mĂ©pris d’un autre peuple qu’ils croyaient d’une autre “race” et qu’ils ont systĂ©matiquement considĂ©rĂ© comme infĂ©rieur Ă  leur propre « race » 

 

“Violer nos mùres devant nos pùres soi-disant bienfaiteurs

 

Si ton sang coule tu coopùres”
A l’époque, les africains n’ont eu d’autres choix que de coopĂ©rer Ă  l’oppresseur français car ils ont fait confiance et ont Ă©tĂ© dĂ©passĂ©s par le manque de valeurs humanistes des “colons”.
“Descendant des enfants d’la vallĂ©e du Nil, Quelque part sur la Terre, au loin sur une Ăźle”
Les 2 premiers vers du deuxiĂšme couplet Ă©voquent les origines de l’exploitation qui Ă©taient essentiellement africaines et plus prĂ©cisĂ©ment Ouest africaine pour la France.

 

Comme Kendrick Lamar dans DNA, Ateyaba veut insinuer qu’il y a certainement du sang pharaonique et de la royautĂ© de son ADN : chose que l’on entend Ă  plusieurs reprises dans sa musique sur Pharaon ou Louis XIV. Il estime pouvoir prĂ©tendre Ă  plus dans sa vie, il le sait, un grand hĂ©ritage royal coule dans ses veines.
Dans le deuxiĂšme couplet, Ateyaba Ă©voque la crise identitaire que certains jeunes fils d’immigrĂ©s traversent en France Ă  cause de la remise en question permanente des gens et du traitement inĂ©galitaire dont ils sont parfois victimes.
“Ici faut s’intĂ©grer, ici c’est difficile”
Il nous rappelle que ses ancĂȘtres et beaucoup d’africains ont aidĂ© Ă  bĂątir la France, beaucoup de nos ressources proviennent et mĂȘme, ont Ă©tĂ© volĂ©es Ă  l’Afrique pendant la pĂ©riode coloniale. Comment pouvons-nous ĂȘtre racistes aujourd’hui ? Ca serait oubliĂ© l’Histoire quand elle a Ă©tĂ© en notre dĂ©faveur

Et en parlant de l’Histoire, Joke n’y croit pas un traĂźtre mot :“En cours j’ai appris une histoire fictive”. Il estime que l’on a bafouĂ© son identitĂ© et qu’en plus, on a contribuĂ© Ă  Ă©lever une gĂ©nĂ©ration de racistes pour qui la colonisation n’a aucune gravitĂ© et fait partie arbitrairement de l’Histoire.
De plus, le racisme n’a plus de limites de couleurs aujourd’hui car les noirs sont racistes entre eux Ă  cause d’une crise identitaire africaine Ă©galement.
“Des noirs tuent des Noirs pour prendre la place d’autres Noirs”, Ateyaba fait certainement allusion au carriĂ©risme qui est sans foi ni loi aujourd’hui dans toutes les sociĂ©tĂ©s. Chaque personne souhaite privilĂ©gier sa propre position au dĂ©triment de la fiertĂ© des siens et de son peuple alors personne n’hĂ©site Ă  Ă©craser son prochain pour y arriver mĂȘme s’ils partagent un passĂ© commun et une ethnie similaire.

 

Le troisiĂšme et dernier couplet se termine par une touche d’espoir pour la gĂ©nĂ©ration actuelle d’auditeurs. MĂȘme si ce message est intemporel, il fait encore plus sens aujourd’hui :

 

“Mais j’vous l’dis notre futur sera radieux
Nous avons grandi ici grĂące Ă  Dieu
Gloire à lui car, ici c’est chez nous
Nos parents l’on achetĂ© dans l’sang en encaissant les coups”

 

Ateyaba lĂąche un petit pic aux racistes et haineux en leur rappelant l’Histoire, la vraie d’aprĂšs lui, pour leur dire qu’en tant que fils d’immigrĂ©s, il a tout Ă  fait sa place en France et sa lĂ©gitimitĂ© rĂ©side dans l’Histoire de France et la contribution de ses ancĂȘtres dans l’érection de la France en tant que puissance europĂ©enne.

 

Etudier Joke n’a pas Ă©tĂ© une mince affaire car malgrĂ© tout ce que l’on peut trouver sur lui, il n’y a eu que peu d’interviews rĂ©cemment pour avoir son opinion et son Ă©tat d’esprit concernant l’industrie actuelle. Tout ce qu’il a fait prĂ©cĂ©demment Ă©tait pour exprimer son art en tant que Joke alors que j’ai l’impression qu’il a passĂ© un cap de vie Ă  prĂ©sent.
Je vois le “Joke est mort, Vive Ateyaba” comme une vĂ©ritable renaissance pour lui autour de certaines valeurs qui ont pris plus d’importance rĂ©cemment car il est devenu pĂšre, il a maintenant du recul sur l’industrie musicale et cerne mieux, comment il veut marquer la musique de son temps.

 

D’ailleurs, il a toujours Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme en avance sur la musique et le rap qu’il y a eu en France. En ce sens, il a Ă©tĂ© prĂ©curseur car il a pris son temps en abattant une somme folle de travail, malgrĂ© son jeune Ăąge, pour imposer son style musical et faire comprendre la sensibilitĂ© de sa musique. Aujourd’hui, beaucoup de rappeurs peuvent vivre et percer grĂące Ă  l’éducation qu’il a initiĂ© Ă  l’époque sur le public.
Sous couvert de son rap archĂ©typĂ© : les pĂ©tasses, la dĂ©fonce, l’oseille et le fame, Ateyaba a l’air sincĂšre lorsqu’il aborde certains sujets qui le touche comme l’immigration, l’intĂ©gration et les liens familiaux : il le fait trĂšs rarement mais sa musique est touchante car on ressent la passion pour son art.
A la maniĂšre de Damso aujourd’hui, ce sont des artistes qui entretiennent une image pĂ©jorative envers les femmes (souvent taxĂ© de misogynie, il joue au mal alpha et intouchable), ils entretiennent une image parfaite dans les clips et savent exactement ce qu’ils veulent faire dans la musique (Joke s’est fait beaucoup accompagnĂ© par Blastar pour avoir des instrumentales en accord avec son univers) car ils ont une bonne comprĂ©hension des mĂ©canismes de l’industrie aujourd’hui
 De plus, la vulgaritĂ© et le manque de respect font partie de leur quotidien depuis des lustres et ce sont des personnages entiers alors ils ne feront pas la part des choses juste pour faire plaisir Ă  la musique.

 

Aujourd’hui, Ateyaba est quelqu’un qui assume ses choix et fait ce qui lui plait avant de systĂ©matiquement penser Ă  des choix stratĂ©giques envers son auditoire. C’est Ă©galement ainsi qu’il voit la musique qu’il crĂ©Ă© beaucoup Ă  l’instinct: il le dit lui-mĂȘme, s’il pose de façon nonchalante, ce n’est pas une attitude, il le fait de façon spontanĂ©e en fonction de la musique qu’il entend et qui l’inspire.
Constatez juste son absence prolongĂ©e dans le Game alors qu’il avait son succĂšs Ă  disposition. Je pense qu’il a rapidement pensĂ© Ă  lui et il aurait tord de faire le contraire s’il peut se le permettre.
Une chose est sĂ»re en revanche Ă  mon goĂ»t : ça fait quelques temps dĂ©jĂ  qu’il prĂ©pare son retour et je pense qu’il va se lancer pour dĂ©fi de chambouler Ă  nouveau le rap français comme il l’a fait la premiĂšre fois oĂč il est arrivĂ© dans le Game.
A savoir, rĂ©ussira-t’il cette fois-ci Ă  rĂ©itĂ©rer son succĂšs d’estime et Ă  le convertir en vĂ©ritable succĂšs commercial ?

 

 

The G.
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