KISAILE #10 : A.D.E, l'avenir de la Trap de la Cressonnière

KISAILE #10 : A.D.E, l'avenir de la Trap de la Cressonnière

Pour ce dixième portrait KISAILE, il fallait que l’on vous propose quelqu’un de spécial, alors pour l’occasion, on a décidé de vous présenter le jeune artiste Saint-andréen qui vient de dévoiler son premier clip sur RunGardenTV ,ADE !

Tu viens d’où ?

Moi je viens de Saint-André, plus précisément, la Cressonnière, dans la cité de l’Est. Il y a beaucoup de talents cachés dans tous les domaines, légaux ou illégaux.
Je vis ici depuis toujours ! A l’époque, c’était plus chaud que maintenant. Avant si t’étais pas d’ici, c’était compliqué avec les anciens mais c’est grâce à la musique que les codes de la rue ont un peu changé ici.

Maintenant, c’est essentiellement grâce à la musique car des artistes qui vivent le quartier ramènent d’autres artistes d’ailleurs pour les clips et du coup ça fait un partage énorme. Aujourd’hui, on fait tout pour mettre la lumière sur mon quartier frère, je suis très reconnaissant des anciens (frères ou soeur) qui m’ont vu grandir et soutenu !

Quand est-ce que t’as commencé la musique ? 

Ca a vraiment commencé au collège, à la fin de la sixième/ début cinquième à peu près. Mais avant, j’faisais déjà des p’tits textes mais vraiment petits, depuis l’âge de 11 ans donc aujourd’hui, ça fait 7 ans. Après avec le temps, on a évolué, tu connais !
Maintenant, ça fait quand même un moment que je partage aux gens de la vraie musique, “ghettoiser” avec amour.

 

 

Comment tu as commencé à faire de la musique et tes inspirations étant plus jeune ?

Moi, à la base, c’est le quartier qui m’a donné envie de faire les premiers pas. J’ai beaucoup trop d’amour pour là où je vis. C’est toute ma vie carrément, j’ai quelques êtes chers qui vivent ici. Le décor sombre du secteur, et les actions qui s’y passent depuis que je suis petit, c’était déjà chaud. Après, on fait pas la promotion de ça, dans toutes les zones c’est pareil !

Quand j’étais petit c’était beaucoup de Ousanousava, Bernard et Frédéric Joron, Apolonia, Baster, vraiment les anciens. J’étais bercé par les flows qu’ils avaient et qui me donnaient la joie et l’envie de chantonner.

Après la séparation de mes parents, j’ai beaucoup été influencé par ce qu’écoutez ma mère. Avec elle c’était plutôt reggae en général avec tiken jah fakoly ou plus rap, 50 Cent ou Akon. Après quand la Trap est arrivée, faut avouer qu’à la Réunion, ca a été popularisé par le 240Gang et le Moonjor pour moi. Ils ont beaucoup ramené un délire propre à eux avec une forme d’humilité qui méritait de suivre leur exemple. Je les connais, on se suit et on s’est déjà croisé et tout.
Pour moi, ils sont trop loin pour que la Réunion capte leur délire… Après, c’est du sale, mais la musique s’écoute quand même.

 

Après, si je parle de toutes mes inspirations, il y a Jul qui m’a beaucoup donné envie de faire cette musique. De part son côté travailleur acharné au studio, tout en restant lui même et surtout toujours humble avec son côté street. En fait, ici dans la Cressonnière, il y beaucoup de mecs qui sont sur le terrain H24, qui ont des grosses histoires avec la justice et ils ont l’habitude d’écouter ça quand ils sont de sortie en voiture. C’est des sons de la “crapulerie” si je peux dire.
D’ailleurs Guimzy me répète tout le temps, il me compare à cet artiste parce que je suis dans la zone en toute saison !

 

C’est quoi l’élément déclencheur de tes débuts sérieux dans la musique ?

J’ai vraiment commencé ce bail quand les potes du quartier me demandaient tout le temps de faire des freestyles avec eux parce qu’ils avaient déjà vu mes vidéos sur internet, surtout facebook à l’époque. J’ai posté ma première vidéo qui a fait plus de 400 partages: c’était vers 2016, j’était au fond du bus, on revenait qu’une qualification pour le foot pour aller en France, j’étais avec mes potes du collège Fayard et j’ai lâché quelques frappes.

Comment s’est passé la rencontre avec Dj Gos ?

Après je me souviens, j’ai rencontré le fameux magicien, Dj Gos, c’est aussi mon manager, mon frère. La première fois où j’ai posé dans un studio, c’était un ancien du Chaudron qui me l’avait présenté. Quand on s’est rencontré, Gos a vu que j’étais capable d’envoyer les bails et de kicker sale.
C’était ma première fois au studio, j’avais 14 ans et c’était avec Joe Rem, on a posé un son directement.

Je me rappèlerai toujours de ce jour, j’étais encore à la fin de mon collège, le 240 était en train d’écraser le rap et je me retrouve au stud’ avec lui, c’était un bon bail pour une première. Aujourd’hui, Dj Gos, c’est comme la famille, on connait nos entourages, nos familles, il y a le côté humain avant tout c’est important et c’est aussi pour ça qu’il est devenu mon manager.

 

 

T’as commencé avec un groupe ? Avec qui est proche musicalement ?

Oui je fais partie d’un groupe avec deux grand frères de mon quartier qui m’ont vu grandir Ty’s et Batis. On se débrouille, c’est vraiment la rue. On se fait confiance et on fait les trucs avec les moyens du bord.
Pour moi, ils méritent beaucoup plus car ils ont des sacrés punch, je connais leurs vécus, leurs personnalité, ce sont des mecs forts qui viennent de la rue.

Le Groupe c’est MFK pour Mafia Komando. Le groupe vient de la Cressonnière est a déjà sa réputation.

On s’inspire du quartier et tout le monde nous connait depuis toujours. A l’époque, on jouait au foot, on était dehors, même nos parents se connaissent.
Bientôt avec MFK, on va préparer une mixtape et pour l’instant, on continue à taffer le son simplement, avec eux ou Dj Gos.

Tu as quoi de prévu pour la suite ?

On a une mixtape en préparation. En gros, on produit tout le temps avec Dj Gos, on fait le maximum et ensuite on trie, on bosse tout le temps.
Moi j’aimerais diversifier mon public pour mes projets à venir tu vois. Pour l’instant, j’ai beaucoup de fréros qui m’écoutent, les filles aussi ça va mais on peut faire mieux.
Du coup, j’essaie de varier mais quand je fais des sons tranquille ou qui bouge, je rajoute toujours mon côté street. Même dans le “love”, je m’y mets, mais je n’oublie pas d’où je viens. J’ai pas envie de changer mon style juste pour me faire une place dans le milieu.

 

 

Tu peux nous parler de “l’Episode 1” ?

J’étais chez Gos, on était posé, on discutait tranquillement comme d’hab. On a commencé à faire une prod, il était déjà très tard. Gos m’a dit cash “faut piquer les faux sur cette prod”. Je fais le travail, on sort quelques punch sur le coup et en deux temps, on finit la prod et le morceau.

Au début, il voulait qu’on parle sur un délire à la Travis Scott en deux prods, un partie trap et une autre plus tranquille mais j’étais pas au top ce jour là. Au final, je finis par boucler le morceau en faisant un live sur Instagram.
D’ailleurs, c’est grâce à leur demande que les choses avancent vite, ça touche beaucoup de monde les réseaux sociaux.
Je suis rentré chez moi vers 4h du mat, sous une grosse pluie et à pied. C’est souvent comme ça, on travaille jusqu’à pas d’heure, on s’arrêtera pas tant que maman s’endort toujours à la cité.

On fait ce travail pendant que les autres dorment. Comme je le dis dans cet épisode “Dans la navette taff pendant que out caz rest dans out lit”.
Ca veut tout dire, dans la vie, on a rien sans rien.

 

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